CASUISTIQUE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dicton du jour:

"A la saint Herbert,

ne ménage pas Bayer".

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Moi qui ne suis d'ordinaire pas rancunier, j'ai gardé de la méfiance et beaucoup de bad feelings envers mon ancien employeur. Peu de sociétés ont synthétisé autant de poisons que celle-ci, encore moins les ont promu avec autant d'acharnement et de mépris du bien-être public, et aucune n'a autant caché la vérité et travesti des informations. En outre, une de leurs dihydropyridines m'a envoyé aux urgences et a nécessité des suppléments d'oxygène (rhabdomyolyse et polyneuropathie avec insuffisance du diaphragme) alors que la société n'a jamais voulu fournir les informations nécessaires à comprendre le phénomène.

 

En même temps, une certaine auto-critique s'impose. Le récit que je vais vous faire ne reste qu'une anecdote, une hunting story, et le lien que je suppose n'est pas prouvé. Mon impression va en plus à l'encontre des avis généralement émis mais, là encore, on m'a aussi demandé de "betreuen" des clients quand j'étais sur le pay-roll. Et quoi de plus "influençable" qu'un meneur d'opinion qu'on a bien su embobiner? Du temps où le Concorde volait sur JFK, combien de sommités n'ont-elles pas accepté de soutenir telle ou telle vue lors d'un congrès de l'autre côté de l'Atlantique, après un voyage dans le supersonique? New York vaut bien un petit billet de presse. 

 

Nous avons passé 36 heures à LF. Or, Leucate et le bord de mer sont infestés de moustiques pour le moment, grands et petits, phlébotomes compris. En effet, les avions n'ont pas encore commencé leurs raids qui larguent les microbes larvicides. En outre, même ainsi, la fenêtre d'efficacité maximale est étroite avec cette méthode. Quelques heures de décalage et on loupe les larves. De plus, si le vent est trop fort, ce qui se passe fréquemment sur le secteur, on ne "touche" pas bien sa cible.

 

Christine y est donc allée, surtout sur elle-même, de ses grands jets d'icaridine à 25 %. Le produit est réputé très efficace comme répulsif sur la majorité des espèces de "moustiques" et également sur les tiques. Adieu veau, vache, shikungunya, paludisme, leishmaniose, fièvre du Nil, dengue ...

 

Roman, âgé de 18 mois, s'est montré grognon à la suite de cela.

Christine fut prise de nausées tout d'abord, puis d'un sentiment de malaise et de céphalées.

Moi, tout d'abord, je n'ai rien ressenti. Mais au lit, 8 heures plus tard, et proche de la chevelure de ma compagne, j'ai ressenti des envies de vomir, une espèce de nervosité s'accompagnant d'insomnie, de tachycardie et de maux de tête diffus, modérés.

Cela a perduré jusqu'au lendemain matin.

 

Le lien n'est pas établi mais la coïncidence est au moins intriguante.

 

"On dit" que l'icaridine (ou picaridine) est un répulsif aussi efficace que les extraits de citron-eucalyptus, citronnelle, DEET et autres. Et "on dit" qu'il serait moins toxique, pour le système nerveux notamment. En France, la législation l'autorise dès 6 mois chez les nourrissons.

 

Or, l'icaridine, synthèse originale par Bayer AG et propriété de deux filiales à présent (pourquoi?), est un dérivé de la pipéridine.(hexahydropyridine). C'est la molécule qui confère au poivre sa saveur et son "piquant". On la retrouve dans beaucoup d'alcaloïdes et de médicaments.

 

Elle intervient dans la solénopsine, le venin de la redoutable "fourmi de feu". Elle a aussi tué Socrate, à ce qu'on dit, puisqu'il a bu la ciguë. Moi, je pense que c'est plutôt Xanthippe qui lui fut fatale. Les mégères, à Windsor ou ailleurs, sont toxiques.

 

Elle est un solvant organique. Elle est aussi un catalyseur des réactions de vulcanisation du caoutchouc.

Chez les pharmaciens, on la trouve dans la paroxétine (un analogue du Prozac), dans le minoxidil (un puissant vasodilatateur utilisé à présent contre la chute des cheveux), dans de nombreux neuroleptiques (Haldol notamment), dans l'Imodium et le "vieux " Dolosal (un opioïde syntétique) et même dans la quinine et certains produits similaires.

 

Voilà, comparaison n'est pas raison. Toutefois, la conjonction de symptômes du même ordre chez plusieurs personnes, indemnes jusqu'alors, dans les heures qui ont suivi le contact avec ce produit me fait tirer la conclusion que ... les moustiques pourront à présent nous piquer en paix.

 

Les rapports rassurants préconisant cette molécule plutôt que d'autres

ne seraient peut-être qu'une habile manipulation de plus à mettre à l'actif des hommes de Leverkusen.

 

 

 

 

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