QUOI TU MANGES DOUDOU DIS-DONC ?

Ce qu'on mange sur les bords de la Grande Gette
Ce qu'on mange sur les bords de la Grande Gette

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J'ai récupéré cette composition colorée

sur le "mur" d'une professionnelle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La fille unique et préférée de votre vigneron d'amour a pris la sage décision, devant les carences répétées de ses "amoureux", de s'établir en "coloc'" avec une collègue. Non seulement elles ont développé une complicité au travail, l'une présentant aux dîneurs le "froid" que l'autre réalise, mais elles ont également trouvé un point de chute commun pour déballer leurs valises.

 

Elles préparent la pendaison, non pas des ex incriminés, mais bien de leur crémaillère et ne se laissent pas aller, côté boustifaille. Outre le fait que l'assiette est jolie, je m'interrogerais un peu sur les aspects "pré-mâchés" et même "pré-digérés" de leur pitance. Il y a du pan bagnat en croûtons et l'immanquable "quinoa". Voilà qui me donne matière à commentaire.

 

Ce quinoa et son complice, le boulghour (plusieurs orthographes acceptées), ont envahi la scène foodiste depuis une dizaine d'années, world cuisine oblige. Léon l'internationaliste approuve la tendance, sinon toujours l'aspect organoleptique.

 

Le quinoa, c'est un ... légume, une pseudo-céréale au même titre que le sarrasin ou l'amarante. On la distingue des graminées (ou opacées), dont les graines récoltées à des fins alimentaires constituent les "vraies" céréales.  Il s'agit des semences comestibles du Chenopodium quinoa. Cet arbuste possède effectivement des graines recouvertes de saponine, dont le goût amer ne plaît pas forcément, mais qui permet de le cultiver de manière peu polluante car ses propriétés détergentes éloignent pas mal de parasites potentiels et ... les oiseaux. Pour nous, il vaut mieux rincer deux fois à grande eau ce nutriment. Cette plante dicotylédone appartient à la famille des bettes/blettes, des épinards, de la fausse ambroisie, de la betterave. On l'utilise comme source de calories, de protéines, de fibres, d'oligo-éléments depuis la table des Incas, c'est vous dire. 

On n'est pas obligé d'en raffoler - j'en atteste - mais les nutritionnistes lui trouvent d'innombrables vertus salutaires.

Souvent, ce qui n'est pas trop bon au goût l'est par contre pour la santé.

 

L'autre "petit machin sans goût qu'on fait bouillir et qui gonfle", c'est le boulghour. Et là, il s'agit bien d'une céréale. On peut en rejeter la faute sur les Turcs, les Persans et les Moyen-Orientaux en général. Ils ont débarrassé le blé dur de son son, sans faire trop de bruit (sans son donc) et pour nourrir Samson, sous les yeux de Dalida, qui vivait en Egypte à l'époque. Il l'ont ensuite laissé sécher, fait bouillir et concassé, je ne sais trop dans quel ordre. Certains l'incorporent au taboulé, mais moi j'ai appris à préparer cette "salade" exquise selon la recette libanaise, sans céréale.

 

Alors que je jouais au connexiste* à l'hôpital d'Ixelles, parmi les iris, j'avais rencontré un junior d'origine libanaise et très sympathique. Je pense qu'il était maronite ou peut-être athée, mais on parlait ensemble plutôt de médecine et de gastronomie. Beaucoup d'étudiants en médecine essayaient d'être de garde en même temps que nous, car nous avions su trouver une formule qui alliait le sérieux professionnel à une bonne ambiance et, surtout, car nous mangions bien. La tradition de la rue Wytsman voulait que le plus âgé payât la nourriture - malgré les honoraires ridiculement bas qu'on y percevait - tandis que le plus jeune s'activait au fourneau. Les internes mangeaient gratis. Moi, tout en respectant la première obligation, je secondais mon second consilio manuque.

 

Je vous livre sa recette de "taboulé à la libanaise", que je suis à la lettre. Sa femme, restée au pays sans doute, était sa "belle à Beyrouth": 

Acheter une grande quantité de persil plat et le trancher dans un grand saladier, pour commencer. 

Y ajouter de le menthe et de la coriandre, également émiettées.

Découper des tomates fraîches en petits dés, et faire de même avec du concombre.

Couper un gros oignons et un peu d'ail et les ajouter.

Saupoudrer le tout de (au choix): pignons de pin, amandes brisées, cerneaux de noix, pistaches, raisins sultana (pas de la marque Erdogan, si possible) ...

Ajouter du jus de citron et/ou un peu de bon vinaigre, une huile d'olive de qualité, du sel, du poivre et n'importe quel mélange de type curry ou ras el-hanout. Moi, je le fais moi-même (muscade, curcuma, cumin, piment rouge, badiane, poivre, paprika, canelle ...).

Il faut laisser macérer au moins une demi-heure (mais pas toute une nuit) et ... c'est prêt.

Vous envoyez les stagiaires au "Quick" du coin pour le reste ...

 

Non, ce n'est pas vrai.

 

 

*: "Connexiste", en ce temps reculé, désignait le médecin spécialiste diplômé, jeune et exploité financièrement, qui endossait

     la responsabilité (médicale, civile et morale) de tout un hôpital de taille moyenne (quelques centaines de lit) pendant la

     durée de son rôle de garde, typiquement entre 17 heures et 8 heures du matin le lendemain. Je gagnais à l'époque pour

     cela moins que le salaire horaire de la femme de ménage qui assurait les urgences de la propreté la nuit, et pourtant la

     pauvre femme était insuffisamment payée aussi.

 

 

 

 

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