LE CHIEN MANQUAIT A L'APPEL

Le perron du Relais Saint-Roch et sa façade en pierre rose
Le perron du Relais Saint-Roch et sa façade en pierre rose

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le - plein - champ du départ ...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce matin, un petit crachin suintait sur la Margeride au moment de prendre congé de Christian Chavignon.

L'histoire n'est pas banale et vous savez tous à quel point je suis friand d'anecdotes et aime à vous les conter.

 

Notre homme est un informaticien de haut vol, et de la première heure, qui a fait toute la partie initiale de sa carrière professionnelle au service d'un géant de l'agro-alimentaire, avant de devenir maître-restaurateur et d'entamer avec sa compagne son second métier:

celui d'accueillir bien et de nourrir avec raffinement.

 

C'était évidemment ... programmé et, en dernière ... analyse, voulu.

Ici, on rigole devant la subtilité de mon jeu de mots!

 

Sa famille possédait déjà un bel hôtel-restaurant au centre de Saint-Alban-sur-Limagnole (en bordure d'une des voies vers Compostelle) et c'est donc tout naturellement là qu'il acquit un magnifique petit hôtel de maître sur la pente du village, il y a trente ans. Sa compagne, Marie-Thérèse, fait son apparition au même moment. Elle est issue d'un clan de cuisiniers-traiteurs ayant quitté Oran et Alger pour se retrouver à Alicante d'abord, puis à Toulon.  Ce beau périple trans-méditerranéen s'acheva en pays cévenol.

Vous m'avez compris: un ingénieur très bricoleur (au sens noble), un bel immeuble, une experte dans les arts culinaires:

le Relais Saint-Roch était né et bientôt aussi "La Petite Maison", table d'excellence taillée sur mesure pour les résidents des chambres mais ouverte aux externes aussi. Les pèlerins ne sont pas mis à la porte non plus! Comme il y a une collection de plus de 400 whiskies  - y compris des whiskeys irlandais, passe encore, mais pire des distillats de maïs du Kentucky ou bien du Tennessee également (joke!) - les marcheurs trouvent toujours à se réconforter.

 

Et Coume Majou rencontre cette belle "Demeure de Lozère" il y a une bonne demi-douzaine d'années. Depuis lors, différentes cuvées n'ont cessé d'être présentes à la carte mais c'est la Cuvée Majou 2006 qui détient le pompon. Le patron en raffole et ne l'a jamais lâchée. Pourtant, une partie de sa clientèle - un peu conservatrice sans doute, pour dire les choses avec modération - rechignant devant la capsule à vis, nous continuons à pratiquer pour lui, rien que pour lui, une opération barbare. Je fais sauter la capsule en aluminium au moyen d'un canif, ainsi que la collerette, j'introduis dans la même bouteille un bouchon en liège de bonne qualité et je scelle par-dessus une capsule thermo-retractable avec la Marianne. Le pas de vis reste visible, bien entendu. Le remplacement de l'obturation originale, parfaite, par ce "vieux truc plein de défauts" me fend le coeur, me révulse, m'insupporte mais le client est roi et je me console en me disant que le vin est heureusement bu dans les six mois: il n'a donc pas trop le temps de subir les outrages de l'oxygène honni. Christian Chavignon est satisfait, les clients sont satisfaits et mon vin continue à être apprécié à Saint-Alban. Dans mes mises plus récentes, le choix se porte tout naturellement vers les bouchons en verre de type Vinolok.

 

Cette année, le couple Chavignon a décidé de gâter encore un peu plus ses clients et de proposer, en collaboration avec quelques vignerons estimés de la maison, des soirées à thème où un menu "sur mesure" accompagne la gamme d'un domaine. Nous avons "essuyé les plâtres" hier, ayant l'honneur de débuter la saison. Mais, des plâtres comme cela, j'en veux bien tout le temps. En effet, côté bâtiment, la construction a fait appel à des blocs d'arkose provenant d'un filon à présent épuisé à 5 km de là. Ce grès rosé très feldspathique, contenant aussi du quartz et des micas, ainsi qu'un liant à l'argile, résiste bien au temps qui passe et au temps qu'il fait. A l'intérieur, rosaces et reliefs en ... stuc (du plâtre donc) ornent murs et plafonds. 

 

Dans l'assiette, le "plâtre" l'a cédé au luxe: des légumes de saison, une espèce de bressaola de bison d'Amérique (très savoureuse) et une pièce de bison grillée, sauce aux baies de genévrier (serais-je un cad(e)...or?). Pour finir, après la brochette de fromages auvergnats, châtaigne sur le gâteau, nous avons dégusté un "dôme cévenol". Une crème de marrons délicieuse fourrait une coupole en chocolat de couverture à l'amertume parfaite. Slurp.

 

Pour accompagner tout cela, dans l'ordre: cocktail "la maisonnette" (une fine crême de mirabelle dans des bulles champenoises), Cuvée Civale 2014, Cuvée Miquelet 2011 et Cuvée Majou 2006, puis le Grenat 2012 (Rivesaltes VDN). Sont-y pas gâtés, les clients?

 

Le seul* dont nous n'avons pas recueilli l'avis, car il ne s'est pas montré de la soirée, ce fut le légendaire chien du bon Saint-Roch! 

Merci à nos hôtes d'un soir et bravo pour cette initiative. Je lui souhaite tout le succès qu'elle mérite.

 

*: le bison non plus ne m'a pas dit ce qu'il en pensait ...

 

 

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