REISE REISE !

Un Thierry Charlier surpris au réveil
Un Thierry Charlier surpris au réveil

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des nouvelles sur deux modes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je suis "monté " en Belgique pour quelques jours, afin de rendre visite à mon frère. Le combiné radio / lecteur de cd's de la vieille Mazda ne capte plus les signaux FM mais lit parfaitement la gravure de Rammstein dont je dispose et c'est l'accent guttural de Till Lindemann qui a accompagné ma progression vers la terre de mes origines.

 

J'ai eu le plaisir de récupérer ma mère dans sa maison natale et de la conduire au chevet de son second fils, qui se remet ENFIN d'une série d'interventions neurochirurgicales. Nous avons craint pour leur santé mentale à tous les deux: mon frère a cumulé les journées de coma vrai, de semi-coma et d'instuporation et ma mère a passé par une phase de dépression réactionnelle indéniable, la première de sa longue existence. 

 

Il n'entre pas dans mes intentions d'étaler sur la toile des kyrielles de bulletins de santé. Mais on me demande tellement souvent de leurs nouvelles que voilà, nous faisons un point objectif ensemble.

 

Ma mère va très bien, plus vive intellectuellement que jamais. Elle a soigné sa mélancolie en intensifiant encore son volume de lecture: 47 livres depuis le début de l'année dont une biographie de caïds de la physique moderne! Et de voir son fils en bonne voie de récupération (vide infra) lui a également rendu l'appétit. Nous avons, ma marraine Nicole, elle et moi, fait honneur à la table de Stéphane Lefebvre (Aux Petits Oignons), servis avec une attention toute particulière par nulle autre que La Loute elle-même, "Poca" dans son mileu.

Du bist was du isst. Hat gut geschmeckt

 

Thierry ne présente plus aucun signe d'infection, ni le moindre résultat de laboratoire ou d'imagerie qui susciterait de l'inquiétude. Au niveau de la tuyauterie et de l'état général, il est "guéri".

 

Il a récupéré vision, goût, odorat, ouïe et la coordination des mouvements fins.

Il parle le français sans fautes, ne doit que très rarement chercher ses mots et seule une dysarthie passagère et légère pointe parfois le bout du nez. Il profite des soins d'un logopède (orthophoniste en France). Il a également le plein usage de son néerlandais et de l'anglais.

 

Il va devoir réapprendre à marcher et à contrôler pleinement toutes ses fonctions physiologiques: kinésithérapie et ergothérapie l'y aident.

 

Sa mémoire ancienne est bonne, voire excellente: nous avons passé en revue tout le répertoire de The Police, les dates de parution des albums, le personnel du groupe (facile pour un trio, évidemment). On a même chanté ensemble ... au grand désespoir des soignants et des autres pensionnaires de son unité de revalidation.

 

Evidemment, il souffre d'une amnésie rétrograde totale pour les jours qui entourent la dégradation survenue fin avril et sa mémoire récente est encore défaillante, très défaillante. Enfin, les fonctions qui dépendent du cervelet devront encore se rétablir pleinement.

 

Sa famille l'entoure, avec l'aide de la neurologue qui le suit.

 

On le stimule beaucoup. Moi, je pense qu'un peu moins "d'exercices" répétitifs et sur des sujets fixes et contraignants serait une option au moins aussi efficace et il me semble qu'il a droit à un peu moins de discipline et un peu plus d'empathie. Mais PERSONNE au monde ne peut préjuger de la rapidité de ses progrès mnésiques futurs ni de l'étendue de sa récupération des fonctions cognitives. 

 

J'ai beaucoup de respect pour les qualités de clinicien des neurologues en général et pour l'expérience des équipes de revalidation, notamment au "CTR" de l'Hôpital Brugmann. J'ai travaillé moi-même un an dans le service de néphrologie du Prof. Dratwa en 1984 au sein de ce même établissement. Toutefois, en ce qui concerne ces matières, la pédagogie, la psychologie, la patience, la motivation des uns et des autres - y compris du patient lui-même - prennent souvent le pas sur la "science" et les textbooks.

 

Mon frère a récupéré tout son humour. Il a gardé intacte son intelligence et la vivacité de son esprit*. Mais il n'a pas encore réintégré totalement la réalité du quotidien et il subsiste chez lui des idées fixes déraisonnables. 

 

Je ne suis pas plus malin que ceux qui conduisent son traitement. Je pense qu'il va pouvoir récupérer l'essentiel de ce qui rend possible une vie digne de ce nom. Je crois qu'on doit s'armer de patience. Evidemment, il est très vulnérable et influençable pour le moment.

 

Il faut laisser à Thierry le temps de redevenir Thierry.

 

 

 

* Il a lancé à ma mère, qui faisait la moue dans ma direction (en stoemelinks):

   "Et ce n'est pas la peine de tirer cette tête-là, je sais très bien ce que tu penses".

   De même, le lendemain, après le départ du reste des visiteurs, il m'a fait: "On me fait C H I E R. Après ce que je viens de passer durant trois

   mois, il faudrait qu'on me foute un peu la paix". Bien sûr, il exagère et c'est pour son bien qu'on le maintient sur la brèche, mais il y a une part

   de vérité dans cette appréciation.

 

 

 

 

Write a comment

Comments: 1
  • #1

    Michel de Lacave (Saturday, 15 July 2017 14:52)

    Je suis sûr que le sieur Thierry se souvient de son passage ici à LACAVE.
    Aussi, Luc, donne lui notre très amical salut.
    Notre bonjour à tous y compris Madame Mère et Mlle Loute.
    Amicalement.