UN TEMOIGNAGE QUI COMPTE

Maître Dehez, au "quatrième âge impeccable": il a donné la leçon jusqu'à 85 ans.
Maître Dehez, au "quatrième âge impeccable": il a donné la leçon jusqu'à 85 ans.

 

 

"Met droefenis verneem ik het overlijden van

onze maître François DEHEZ. 

Ik heb schitterende tijden beleefd met François

zowel op als naast de piste. 

François was zoals u hem beschreven hebt:

een toffe kerel met een hart voor het schermen, zijn leerlingen en met veel gevoel voor “het moment”. 

Vele malen werd ik getroffen op knie,

hij vond wel altijd het juiste moment.

 

Ik ben dus bedroefd maar vooral dankbaar

om François gekend te hebben.  

Samen met maîtres Van Baelen en Minnen heeft hij de basis gelegd van mijn schermloopbaan.

Zonder François zou het niet hetzelfde geweest zijn."

 

 

 

 

 

 

 

J'ai correspondu avec Maître Van Laecke dès le décès de notre professeur commun. Et je vous livre sa réponse, digne et vibrante, bien dans la ligne de ce grand professionnel. Je fais figurer une traduction grossière en note de fin de page.

 

Lorsque j'ai repris l'escrime, à la quarantaine, entraîné à cela par des ami(es), notre fromagère favorite (celle que vous trouvez à La Chèvrerie des Chênes et sur mon blog) était une des plus fines lames du Royaume de Belgique. Profitant de sa double appartenance, cette Ecossaise de naissance et de passeport fut incorporée dans l'équipe belge d'épée. Et c'est Marcel Van Laecke, lui-même un ancien champion de Belgique, qui était son maître d'armes. Comme je servais de chauffeur à cette Boadicca lors de ses déplacements à l'étranger, de mécanicien pour la pointe de ses épées, de modeste soutien au bord de la piste et plus généralement de réhydratateur après les compétitions (en Alsace, au Palatinat, en Tchéquie ...) lorsque le terroir s'y prêtait, on me permit de venir m'entraîner aussi à "la Confrérie" (St Michielsgilde), le club gantois multicentenaire (1613) qui tenait depuis des décennies le haut du pavé, ayant notamment formé (je cite de mémoire) Thierry Soumagne, Steven Cazaerck, Yoeri Van Laecke (et son frère aîné Yves). J'ai donc fait une infidélité de quelques saisons à mon "Cercle d'Escrime" (CREB) de toujours, où l'arme était tombée dans une période "sans". 

 

Maître Van Laecke, un des gentils parmi les "durs" de la BSR (équivalent belge de l'anti-gang en France) dans sa vie professionnelle, avait été formé à la salle d'armes de la gendarmerie par ... François Dehez (et aussi les maîtres Van Baelen et Minnen pour ce qui est du sabre). Le premier cité était lui-même un "produit" d'André Verhalle, décédé l'an dernier.

J'ai eu la chance de prendre la leçon auprès des trois. François Dehez m'a formé, André Verhalle s'occupait des équipes universitaires et de certains stages à la Fédération avant que les deux ligues  (francophones et flamandes) ne se scindent et Marcel Van Laecke a essayé de corriger mes défauts de fleurettistes, avant que ménisques, coeur défaillant et ... l'âge ne mettent fin à mes espérances. On sentait la même main, ferme mais pas brutale, la même détermination et la même patience chez les trois. Ils enseignaient une escrime de technique, d'à-propos et de respect de l'adversaire, pas une escrime de soudard. Un jour, à Melun, j'ai été mis en face du professeur d'un tireur français en vue à l'époque, Frédéric Pietruszka, qui appartenait  grosso modo à ma tranche d'âge. J'ai vécu les mêmes sensations. 

 

Je ne vous citerai pas le nom d'autres maîtres d'armes qui ont battu mon fer sans me laisser le même plaisir. Généralement, leur tactique et leur approche de la vie tout court ne me convenaient pas non plus.

 

Que Marcel Van Laecke, lui même le formateur de champions d'exception (Steven et Yoeri ont tous deux gagné des tournois du circuit mondial et ont figuré dans le top 10 du classement mondial), rende ce bel hommage à son vieux professeur me touche profondément.

 

Merci, maître.

 

 

Traduction: "C'est avec tristesse que j'apprends le décès de notre maître François Dehez. Tant sur la piste qu'à côte de celle-ci, j'ai connu de beaux

                      moments avec François. Il était comme tu le décris: un chic type dévoué à l'escrime et à ses élèves, avec le sens du timing adéquat. Il m'a

                      de nombreuses fois touché au genou, car il savait trouver ce "bon moment".

                      Je suis donc bien triste à présent mais aussi plein de gratitude d'avoir rencontré François. Avec les maîtres Van Baelen et Minnen, il a jeté

                     les fondements de ma carrière d'escrimeur. Sans François, il n'aurait pas pu en être ainsi.

 

 

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