L'AVIS DE MLB

Flagrant délit "d'explicationnage" !
Flagrant délit "d'explicationnage" !

        

 

 

 

 

 

Ce qui suit vient de LA

 

 

 

 

 

 

 

 

On n'interrompt pas la dame: 

 

Troisième halte : La Coume Majou

J’ai enfin fait la connaissance de Luc Charlier et de sa charmante épouse Christine, je dois dire que j’appréhendais un peu cette rencontre. Affronter Luc et ses vins croyez-moi, a n’est pas évident, c’est qu’il est intimidant l’ami Luc! Mais bon quand « faut y aller, faut y aller ». J’attendais un bon accueil, je l’ai eu; j’attendais des vins typés, je les ai eus aussi. Ouf, tout va bien, ça n’était pas si dur que ça finalement, je dois avouer que les vins m’ont bien aidée à passer l’examen, ils m’ont fait oublier mon appréhension, et m’ont embarquée dans mon 

"intériorité". Mais si vous cherchez des vins "tendance", passez votre chemin, Luc ne fait pas partie des vignerons médiatiques et ne suit pas les modes. Vous trouverez ici des vins à dimension humaine : derrière chaque bouteille, il y a un homme qui donne son interprétation du Roussillon, loin des vins « Glou-Glou »; plutôt des vins qui parlent pays.

- Son blanc de vieux macabeu, la Cuvée Civale (patronyme de Christine) 2014, et dont l’étiquette est inspirée de son portrait (de Christine, pas de Luc), traité « à la Pablo Picasso » m’a étonnée. Une cuvée 100% macabeu, et semble-t-il le dernier millésime à avoir été épargné par les sangliers ! Ni moderne, ni nature, pourtant sans sulfite, elle sort des sentiers battus, je ne détecte aucune trace de boisé au nez et pour cause, Luc n’en utilise pas. Un nez de fruits murs, légèrement oxydatif, j’y ai trouvé des notes discrètes de garrigue ; genêt et fenouil. La bouche est restée fraîche mais pleine : elle ne manque pas de gras, et la finale s’étire sur une belle acidité. Que voilà un beau vin de gastronomie, comme j’aurais aimé l’avoir aux Feuillants, Didier aurait trouvé un plat spécial pour lui, j’en suis certaine et moi, j’aurais pu jouer à la sommelière qui fait des découvertes!

Les Cuvées Majou 2006 et Majou 2009, assemblage grenache/carignan avec capsule à vis. C’est curieux, je n’avais jamais goûté ces vins, mais je ne les imaginais pas autrement, j’ai tout de suite pensé au docteur André Parcé, c’est lui qui m’a appris à aimer les vins, les vrais, et, ceux-là, il aurait été obligé de les reconnaitre comme étant de sa « chapelle » : élégants et racés. Le 2006 a gardé du fruit, même s’il dégage une très jolie touche animale, il est rond et mur, mais pas compoté, il a le caractère d’un Roussillon, des épices et des tanins mûrs, de la garrigue, une finale marquée par une jolie évolution du grenache, l’alcool est bien intégré, et pas de bois. Encore un vin de gastronomie. Le 2009, est  plus fruité, épicé, profond et complexe. Dans le style de Luc, pas forcément commercial d’ailleurs, car ses vins s’ils démontrent beaucoup de personnalité et d’ancrage ne sont pas faciles. Il faut aller les chercher dans le verre et dans ses tripes. Moi, ils m’ont remuée, c’est tout un passé de grands vins dégustés avec André qui a resurgi dans ma mémoire.

- La Cuvée la Loute 2013, issue d’un carignan presque centenaire, planté en 1922 au lieu-dit Alt de Coume Majou, de la meilleure partie du Rec d’en Cruels (1950) et du Rec d’en Fourtou (1977), pigeage aux pieds, macération très longue du chapeau de marc, ni collage ni filtration, mise sans « resulfitage » et bouchon en verre. Son rendement, toujours inférieur à 10 hl par hectare n’enrichira jamais notre ami.

C’est un vin intense, gorgé de fruits noirs, avec une pointe de réglisse et des notes de garrigue. La bouche, est expressive, riche et concentrée, un vin caressant à la texture à la fois séveuse, dense et veloutée, de grand caractère. Ses tannins sont très soyeux. Belle fraîcheur en finale grâce à un fruité éclatant, bonne longueur et incroyable équilibre. Problème, il n’y a que 800 bouteilles de ce vin. Et, pire, en 2014 : 100 % de mildiou et donc pas de récolte ; en 2015, seulement 200 kg de raisin et donc pas de cuvée ; en 2016 : pas de raisin du tout, sans doute à cause de la sécheresse. Luc explique : « Pourtant – ou justement pour cette raison – je ne fais RIEN pour l’élaborer, sinon garder la cave propre.  Ce n’est pas un vin sorti de mes mains, c’est réellement ce formidable carignan qui fait tout ». Ça n’est peut-être pas un vin sorti de ses mains comme il dit, mais fruit de sa connaissance des vins, de ses vignes et dessiné par sa culture.

(Marie-Louise Banyols, 27 juillet 2017)

 

Fin de la citation et ... que puis-je vous dire? 

MLB - lisez Marie-Louise Banyols - cache derrière ce patronyme catalan une ex-sommelière de renommée internationale dont l'avis compte. C'est à Trilla, à la "Fête des Vieux Cépages" , que j'ai pu lui faire goûter quelques vins. 

Elle n'a pas la réputation de mâcher ses mots et elle connaît très bien les vins de notre région. Je ne vais dès lors pas bouder mon plaisir. J'élaborerais donc d'après elle des vins savoureux, sans doute peu au goût du jour, mais sincères. Et il est dommage que les djeuns et les branchouillards ne s'y intéressent plus trop. Ma production, venue tout droit de la fin du siècle dernier, me ressemble et traduit ma (dé)formation, mon passé gustatif.

 

Cela ne fait pas l'affaire de mon banquier mais, au plan de l'estime de soi, c'est bon à entendre (à lire, plus exactement).

Je mourrai donc un peu plus pauvre, pécuniairement, que je ne suis arrivé mais tellement plus riche de réalisation (achievement). Et si c'était cela que je suis venu chercher? Après 50 années passées à obéir, à me soumettre au "ça" implaccable* et à n'en tirer que peu de satisfaction, voilà sans doute enfin un début de succès.

 

Mais le prix à payer a été élevé, trop élevé.

Je ne recommande à personne de suivre mon chemin.

 

 

*: "On" m'a fait remarquer que "implacable" ne prend qu'un "c" et c'est exact. J'ai néanmoins préféré ne pas corriger cette faute d'orthographe, pensant

     que si ce n'est pas "placcable", on ne peut certainement pas l'appaiser (hihi, trop drôle). Une anglophone de naissance a relevé l'erreur.

     Scotland: one point ! 

 

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Comments: 2
  • #1

    Michel de Lacave (Monday, 07 August 2017 14:54)

    Tu dois fouler aux pieds ta modestie Luc, car tu fais de grands vins!!

  • #2

    Luc Charlier (Monday, 07 August 2017 15:16)

    Merci. Il ne s'agit pas de modestie, je ne possède pas cet article dans mon stock émotionnel. Mes vins sont bons, je le sais. Mais une vraie réussite se mesure aussi (pas uniquement, je ne suis pas macroniste) sur le plan économique. Si je n'avais pas disposé du soutien de certains de mes proches , et de mes meilleurs amis, la clé serait sous la porte depuis longtemps. Et actuellement, une relative aisance de Christine permet de faire bouillir la marmite pendant les jours "sans", lorsque le domaine n'y suffit pas totalement. "A working class hero is something to be"!