Il y a deux années environ,
trois mastodontes à la quarantaine
ont rejoint l'abri chaleureux
de Pairi-Daiza.
Ce fut un souhait très clair du directeur du parc: accueillir des éléphants maltraités ou moins bien traités, pour toutes les raisons du monde, en provenance des cirques d'Europe. Je connais bien Eric Domb. Après avoir appris plus que les rudiments
de la conduite d'un éléphant d'Asie, en Thaïlande, au cours d'un stage complet, notre cornac amateur s'est encore plus épris de ce grand mammifère étonnant. Il a espacé, par manque de temps, les sorties qu'il effectuait sur leur dos dans le parc, avant l'arrivée des visiteurs, mais a intensifié l'activité de ... bon Samaritain que Pairi-Daiza affiche sans faux-semblant. La communication du parc, ses comptes annuels, ses contacts, sa fréquentation, tout est rendu public à livre ouvert.
Ce qu'Eric et ses collaborateurs annoncent, ils le font .
Ainsi, vers le 4 août chaque année (ce fut le mercredi 2 en 2017), il invite ma mère, Monique Dehaze-Charlier, à visiter les nouveaux développements du parc avec une partie de nos deux familles, et à fêter ainsi l'anniversaire de la "vioque".
Nous en sommes à 87 ans.
Nous avons commencé notre tour par le "nourrissage", c'est ainsi qu'on dit à présent, de trois éléphantes d'Asie arrivées d'un cirque allemand. Il a fallu à l'époque leur trouver un soigneur parlant l'allemand, les amadouer et ensuite les confier à un membre de l'équipe des Thaïlandais, qui les a fait glisser en douceur vers l'anglais et le thaï. L'une de ces femelles présente une lésion du muscle frontal qui relève la trompe et est un peu handicapée à cause de cela. Sinon, ces dames ont attrapé avec dextérité les carottes que nous leur tendions et se sont prêtées de fort bonne grâce à la séance de froti-frota (décent) avec les visiteurs.
L'image que je vous montre, premiers pixels récoltés lors de mon arrivée, est magnifique. Ma fille, présente ce jour-là, souhaitait jadis que je "joue" sur la platine laser le CD de Leonard Cohen qui s'intitule: "The Future". Elle appelait ça "la marche des éléphants" et je la comprends: rythme majestueux et paisible, un peu comme un Wagner qui aurait oublié ses outrances.
J'aurai l'occasion de vous montrer d'autres "stations" de notre visite dans les semaines qui viennent.
Je vous livrerai aussi quelques petits secrets. Voici l'un d'eux:
- les parents Domb (André et Josette), les parents Charlier (Marcel et Monique), parfois un taxi commun, se partageaient la tâche de conduire tout ce petit monde à l'école, et parfois également Marysol, une amie d'enfance qui habitait sous le même toi que nous. Ils disposaient à l'époque d'une Volvo spacieuse, d'une berline Peugeot, d'une petite .... Daf et de la 912 de ma mère, le coupé sportif du groupe Volkswagen élaboré par Porsche autour du fameux moteur boxer de la coccinelle, monté à 1600 cc. Or, trois enfants Domb, deux Charlier et "la Marie", comme on l'appelait chaleureusement, cela faisait beaucoup de monde à transporter, surtout les jours où les horaires se chevauchaient. Il y avait parfois deux voyages et nous nous disputions pour savoir quelle place occuper. Ma mère, quand elle râlait, avait l'habitude de distribuer des coups de parapluie vers l'arrière dans l'habitacle. Nous n'étions pas toujours faciles et l'éducation, à l'époque, consistait plus à dompter qu'à instruire, en tout cas chez les enfants Charlier. Et nous voulions tous être près de Marysol ... pour lui pincer niaisement les cuisses.
Eric nous a confié solennellement, à table car il a eu la gentillesse, ainsi que sa compagne, de se libérer l'espace du lunch au beau milieu de son emploi du temps pourtant chargé, qu'il regrettait encore maintenant de ne jamais pouvoir être assis sur le siège avant de la 912. Il prétend que c'est pour éviter les coups de parapluie. Moi, je subodore que c'était pour pouvoir asseoir la Marie sur ses genoux, sa place attitrée.
Il avait déjà le sens de la relation publique, du contact social et de l'esthétique, Eric.
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