Cet oiseau me rappelle
tant mes cours de biochimie
que mes séjours dans les Outer Hebrides.
Importé du continent américain, ce rapace magnifique sert chez nous d'épouvantail pour les étourneaux des villes, qu'il n'attaque que peu mais effraie grandement, ainsi que pour les colombidés le long des pistes d'atterrissage. Moi, on m'a appris à le "prendre au poing", c'est à dire à lui faire quitter le bloc, le libérer de ses jets et puis le sécuriser au gant. La première fois, ce n'est pas si simple qu'il y paraît.
Remarquez que, malgré mes lunettes solaires, je surveille son bec et tiens mes yeux à bonne distance. Pourtant, ce spécimen-ci est "docile " et à l'habitude de servir de mannequin d'entraînement aux néophytes comme moi. Mais jamais une poupée de réanimation ne m'a donné
un coup de griffe, même lorsque je lui enfonçais une canule dans la trachée ou quand je bourrais son sternum de coups de poing.
En ce qui concerne la biochimie, j'ai le droit de régler mes comptes. J'ai échoué quatre fois à l'examen oral auprès du professeur Crockaert.
Celui-ci était médecin de formation et était chargé du cours à ma faculté dans les années '70. Ses leçons ex cathedra étaient lamentables, d'un ennui indicible, son néerlandais était pitoyable et son utilisation du tableau noir pathétique. Tout sauf un enseignant.
Moi, j'étais délégué d'année, portais une veste de moto en cuir brun et orange et étais donc parfaitement reconnaissable et connu. Au début, j'allais au cours. Après, beaucoup moins. En outre, ce "brave homme" avait l'habitude de se racler la gorge et de boire une gorgée d'eau à tout bout de champ. Je crois que son nerf vague lui jouait des tours tant il était mal à l'aise sur l'estrade.Un jour, j'avais additionné de vinaigre l'eau de son pichet - taquin que je suis - et cela eut l'effet espéré. Je crains que quelqu'un ne m'ait trahi.
Son syllabus était aussi déplorable que son enseignement et je l'ai, je l'avoue, très peu étudié. Résultat: quatre buses (deux sessions en deuxième candidature et deux sessions en troisième candidature). La première fois, mes autres notes m'ont rattrapé et on m'a "délibéré" pour que je passe dans l'année suivante. La deuxième fois s'est soldée par un: "Meneer Charlier - of zegt men "Charlîr" misschien, hi-hi-hi ? - de kennis van de formules, die U NIET heeft, is onontbeerlijk opdat ik U tot de doktoraten zou doorlaten"*. Il m'avait interrogé sur les dérivés de l'imidazol dont je n'avais pas su écrire la formule au tableau. C'est peut-être pour cela que je n'utilise pas d'IBS** à la vigne.
Heureusement, une de ses assistantes, une petite boulotte aux cheveux blonds bouclés, très vive mais pas vraiment jolie, avait profité de moi. Elle préparait une thèse sur les lipoprotéines et je lui ai plusieurs fois donné le meilleur de moi-même, sans contrepartie financière!
Mon sang a effectivement toujours été très riche en cholestérol (le bon, le mauvais et les autres) et surtout en triglycérides, alors que je faisais 25 heures de sport par semaine et ne pesais pas un gramme de trop à l'époque. Elle a donc prélevé de nombreux tubes, entre autres faveurs. Ceci lui a permis de m'attribuer une bonne note en ... travaux pratiques, Je n'ai pas redoublé mon année et ai finalement accédé au "premier doctorat", la quatrième année de mon cursus. A quoi cela tient!
Quant à Harris, l'autre moitié de l'île principale des Hébrides Extérieures (avec Lewis), elle est réputée pour la fabrication de tissus de "Tweed" dont la laine est issue d'une race de moutons à face noire. Il est très résistant mais rêche à porter.
Merci à Youssef Souane de m'avoir envoyé 44 photos qu'il a prises au cours du stage à Valmy.
Il m'a fallu télécharger plusieurs programmes mettant à jour notre vieil ordinateur bancal pour qu'il veuille bien accepter un logiciel de décompression de son diaporama. Cela m'a pris une heure - je suis lamentable en informatique aussi - et le lendemain, en rebootant le système, tout à bugué! J'ai éliminé tous ces intrus, après avoir sauvé les photos sur trois supports différents. mais cela en valait la peine. Après les vendanges, je nous réunirai, Serge (mon autre photographe) et lui, pour une petite dégustation entre anciens fauconnants.
Vous savez à présent tout sur mon apprentissage de fauconnerie,
et sur les causes de ma "réussite" à la fac'.
*: Trad: "Monsieur Charlier - ou bien dois-je prononcer Charlîîr, hahaha? - la bonne connaissance des formules, que vous ne possédez NULLEMENT, est
indispensable pour que je vous laisse passer en doctorat".
**: "inhibiteurs de la biosynthèse des stérols", souvent des dérivés imidazolés, dont le nom se termine par "-conazol", utilisés comme
fongicides. En clinique humaine, il existe des produits similaires, comme le fameux "Daktarin" qui fit tant de bien à nos zizis quand on
était tentés de faire profiter généreusement un grand nombre de personnes de notre énergie vitale mal contenue.
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