ENCORE UNE DE BOUCHONNEE

Un des premiers millésimes de ce sympathique vigneron
Un des premiers millésimes de ce sympathique vigneron

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Quelques jours après avoir dégusté

le magnifique Côte-Rôtie 1986 d'Albert Dervieux,

j'espérais faire coup double.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J'ai rencontré Thierry Allemand pour la première fois en rendant visite à Robert Michel, dont il était l'ouvrier. C'était dans la deuxième moitié des années '80. Il venait tout juste d'acquérir moins d'un hectare de belles vignes de syrah. La fois suivante, ce fut sur le stand de Robert au salon des Caves Particulières (Porte de Champerret ou de Versailles, je ne sais plus) et il m'a fait découvrir "son" vin.

 

Je crois que le premier entrefilet paru sur ce jeune vigneron, c'est moi qui l'ai écrit dans la chronique du mensuel médical belge Semper. Depuis lors, nous ne nous voyons pas souvent mais les retrouvailles sont pour moi un réel plaisir à chaque fois. C'est un bonhomme vrai et pragmatique, sans tromperie. En plus, il a un contact facile et franc.

 

Alors que nous rentrions de Belgique avec le 4 x 4 (un gros Mazda bien lourd équipé du vieux moteur Ford de 2,5 L), il y a bien 4 ou 5 ans, sa mère nous a signalé (on s'était arrêtés à la cave) qu'il passait le treuil là-haut, nettoyant une parcelle acrobatique récemment rachetée. Et hop, on est allés manger le casse-croûte en sa compagnie, presque au ciel!

 

Au moment de partir, après un demi-tour risqué sur une plateforme étriquée donnant sur le vide, il nous a donné ses instructions pour sortir vivant de la charretière. Mais lui circule dans un Toyota à la technique moins vétuste. Il s'agissait, au bas d'une petite pente au sommet aveugle "de se lancer à fond en deuxième, sinon cela ne passe pas" (sic). Christine a prudemment abandonné son siège au bas de ladite montée et m'a regardé de loin filer vers mon destin. Effectivement, au faîte, le véhicule a délesté ses suspensions et j'ai découvert avec bonheur que le chemin continuait ... tout droit, ouf. Pour Thierry et ses hommes, c'est dagelijkse kost, monnaie courante si vous préférez. Il faut le mériter le vin de la Geynale et de ses congénères. On vous dit qu'il s'agit d'arènes granitiques: je pense que c'est dans tous les sens du mot. De même, le bas du coteau est constitué "d'éboulis calcaires", sans doute pour accueillir le chauffard qui s'est vautré sur la pente.

 

Hélas, cette bouteille n'a pas pu être bue. Le bouchon s'est extrait facilement mais on a immédiatement perçu l'horreur: TCA "de chez tca".

Je précise que le vigneron n'y est pour rien. Même en achetant les meilleurs bouchons  chez le meilleur fournisseur, on déplore quand même un certain pourcentage d'évolution vers cette catastrophe. Et, en 1987-8 (date de mise en bt), il n'y avait guère que la Suisse et la Nouvelle-Zélande pour se passer du liège.

 

A présent, c'est la clientèle française, parfois frileuse, qui incite mes confrères à conserver ce mode de bouchage archaïque et souvent défectueux. Certains gurus incompétents continuent à le soutenir, victimes du lobby des bouchonniers, ou soudoyés par celui-ci. Je me mets en devoir de vous présenter les flacons bouchonnés chaque fois que cela m'est possible.

 

Au Domaine de la Coume Majou, nous avons refusé le liège dès le début, lui préférant une capsule-à-vis (hermétique) et, plus récemment, le bouchon de verre "Vinolok", très bien perçu par le public. La clientèle des "je sais tout" qui sévit encore parfois en France y trouve quelquefois à redire, mais nos sommeliers possèdent la compétence pour leur expliquer leur erreur. Les cavistes, eux, sont divisés sur le sujet - il tentent avant tout de plaire à leur chalandise, en bons vendeurs qu'ils sont - mais nous ne passons pas par eux dans l'hexagone, sauf chez l'excellent Philippe Cuq, en face de la tombe de Jim Morisson.

 

 

Il me reste heureusement quelques 1985, un 1986 et des 1991

(naissance de la Loute) de Thierry en cave pour rectifier le tir.

 

 

 

 

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