ULTIME ADIEU AU ROC BLANC

Les godillots sont lourds sous le sac, les godillots sont lourds ...
Les godillots sont lourds sous le sac, les godillots sont lourds ...

 

 

 

 

 

 

 

 

Vous saurez TOUT sur le Roc Blanc,

ou presque, en lisant attentivement

la description que j'en donne ICI.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour les moins entreprenants parmi vous, qui ne sont pas curieux au point d'activer le lien, je résume la situation. Il s'agit d'un lieu-dit situé en face de Força Real, sur le territoire communal d'Estagel, où j'étais fermier d'un "vacant communal", repris à la suite de José Valero qui le tenait lui-même de son père.

 

Les plants des années '80 étaient peu fameux - les pépiniéristes greffaient déjà en oméga, accéléraient la cicatrisation aux hormones etc ... - d'une part, ce sol est très pauvre et très sec d'autre part, et je n'utilise ni désherbant chimique ni engrais. En outre, les labours (prudents mais effectifs) et la tenue de la vigne sans trop d'autres interventions ont sans doute aussi accéléré son déclin. Bref, j'ai obtenu là de moins en moins de raisin, avec un répit en 2011 (nous en reparlerons) et au prix d'un travail (manuel surtout) exténuant et de plus en plus intensif. 

 

La commune d'Estagel et moi sommes donc tombés d'accord pour que je mette fin au fermage, que personne n'a souhaité reprendre, malgré la publicité locale qui en a été faite dans le milieu vigneron. Je crois que c'était vraiment devenu "mission impossible". 

 

Ce matin donc, en compagnie de José, nous sommes allés dévitaliser les maigres souches encore vivantes, comme je m'y étais engagé. Les ceps sont tellement maigres qu'un "arrachage" en bonne et due forme aurait été quasiment impossible, sauf à remodeler en profondeur les blocs de schiste et la pente au bulldozer, travail gigantesque, coûteux et inutile, perturbant en plus l'équilibre naturel du lieu. De cette manière, le risque cryptogamique, viral ou bactérien disparaît et la garrigue va très rapidement recouvrir ce site désert, patrie des sangliers.

 

Il faut vous dire que le crapahutage de haut en bas de ces dévers, machine à pulvériser sur le dos, est pénible. Heureusement, le soleil voilé, le temps légèrement humide mais sans pluie, la température clémente et surtout l'absence totale de vent nous ont facilité la tâche, tout en assurant une bonne efficacité à notre travail minutieux. En effet, nous avons attaqué sélectivement souche après souche, en ne pulvérisant que sur les feuilles et en n'utilisant que très peu de "poison"au total.

C'est une activité peu agréable, moyennement nocive pour la santé du pauvre travailleur de la vigne, mais qui a été menée au mieux.

 

J'ai ensuite pris congé du Roc Blanc, avec un peu de nostalgie. J'y avais beaucoup transpiré depuis 12 ans.

 

Il en reste mes souvenirs, et encore quelques centaines de bouteilles de ce qui a sans doute été un des trois meilleurs vins que votre Léon a su élaborer depuis son installation. Il va de soi que nous les proposons encore à la vente. Le vin a été mis en bouteille sans ajout de soufre (SO2 libre = zéro) au printemps 2012. Au bout de 7 années de cave, la robe est toujours dense, le nez, très ouvert, parle de mûres, de griottes, de pruneaux, de thym et d'encre de Chine ou d'aniline, comme les crayons et les plumes "Ballon" de ma scolarité. En bouche, beaucoup de puissance mais pas de brûlant alcooleux et des tanins magnifiques (le carignan!).

 

Réellement une splendide bouteille, dont le suis très fier.

 

 

 

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