COMME LORS D'UN FESTIVAL GRATUIT

29 septembre 2017, trente ans après la plantation
29 septembre 2017, trente ans après la plantation

 

 

 

 

 

" Touch, We touched the very soul

Of holding each and every life

We claimed the very source of joy ran through

It didn't, but it seemed that way

I kissed a lot of people that day

(...)

The Sun Machine is Coming Down,

and We're Gonna Have a Party"

 (D. Bowie, Memory of a free festival)

 

 

 

 

 

 

Cette image, sans retouche, montre ce qu'il reste de la moitié carignan du vacant communal du Roc Blanc. Cette vigne, plantée en 1987, ne s'est jamais réellement enracinée sur sa partie la plus exposée à la tramontane. Un ingénieur agronome qui était venu la voir avec moi commentait; "Sur ce genre de sol, on ne retire que l'équivalent de l'engrais qu'on y met, et encore".  Il a raison: je n'en utilisais alors déjà plus! 

 

En 2005, à mon arrivée, elle était envahie par les ronces, il n'y avait aucun passage pour un tracteur et quelques chênes (verts et kermès) y prospéraient. Toutefois, on y récoltait un peu de raisin, qui était très bon, malgré une attaque d'oïdium par-ci par-là. En 2006 et 2007, déjà moins en 2008, la récolte fut d'environ 130-140 caisses (de 11 kg), pour 2 hectares en culture. Nous avions créé des passages, l'oïdium était éliminé, l'entre-rang était propre et concassé, il n'y avait plus d'arbre. Tout ce travail, je l'ai effectué aux côtés d'un collaborateur occasionnel très joyeux et sympathique mais assez fantasque pour la partie manuelle, et avec l'aide de José sur le tracteur. Ensuite, il n'y a plus jamais eu de désherbant, ni d'autre produit de synthèse. Mais les labours répétés ont sans doute diminué le faisceau racinaire déjà restreint et superficiel, les séquelles des traitements antérieurs à ma venue sont apparues et surtout, la sécheresse implacable et le sol archipauvre n'ont pas permis un redéploiement harmonieux de ces greffés-soudés de qualité moyenne qui avaient déjà 20 ans. Ajoutez la tramontane par dessus tout cela ...

 

D'atermoiement en hésitation, surtout après le fabuleux vin élaboré là en 2011 (voir ICI) , j'ai finalement jeté la houe catalane et la débroussailleuse 2-temps allemande à l'automne 2015. Cette parcelle n'a plus été labourée depuis lors et elle n'a pas été taillée l'an passé. J'ai renoncé au fermage, elle a été dévitalisée et ce coin de désert à l'écart de la civilisation va rapidement revenir à l'état de garrigue sauvage, pour le bonheur des sangliers et de l'ACCA d'Estagel. Un peu plus loin sur le promontoire du Roc Blanc lui-même, plus calcaire et mieux abrité du vent, deux frères avaient tout arraché il y a 20 ans environ. Et récemment, ma voisine, une vigneronne-oenologue, avait arrêté l'exploitation de sa parcelle également. C'était difficile avant, mais la situation hydrique actuelle rend impossible le maintien de la vigne dans ces conditions. Le climat connaît des cycles, c'est sûr, mais l'incurie des hommes, incapables de limiter l'émission gazeuse de leurs activités, aggrave ce phénomène. Tant pis pour ma pomme.

 

Nous sommes d'accord que l'enherbement doit être maintenu au minimum, et la végétation annexe même absente sous le rang si possible (piquette seulement, entre-cep impossible ou alors avec un tractoriste virtuose et équilibriste) sur ce genre de sol, mais vous voyez que cette vigne n'est pas envahie de végétation! Nous sommes d'accord aussi qu'une poignée d'engrais organique sur chaque cep - je l'ai fait pendant plusieurs années, à raison de 700 kg l'hectare de fumier de mouton + guano déshydratés - peut apporter un peu de vigueur, mais encore faut-il qu'il pleuve pour que l'azote (et autres) pénètrent un peu cette dalle de marnes schisteuses. 

 

Ici, même les inules visqueuses, reliquat des désherbages intempestifs d'antan,

ont fini par crever pour la plupart! 

 

 

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