Mon ami Marc est aisément
le plus grand, dans la vraie vie
Mais la magie des trottoirs en pente - normal quand on parle d'horizontales - fausse la donne. Peu importe, la soirée chez Xavier Mahaux fut réussie quand même. On nous y a servi la dernière bouteille de la cave du Collioure blanc de Philippe Gard.
Où ça? Aux Jardins du Cèdre.
Nous avons rencontré ce Liégeois alors qu'il avait repris l'hôtel-restaurant de ses parents à Port-Vendres, préférant la structure d'une belle assiette à celle d'une "maison d'architecte". En effet, Xavier Mahaux avait fait trois années d'études pour devenir archi, tandis que son épouse exerçait une profession paramédicale. Voilà donc une reconversion.
A l'époque, son chef Thibaut et sa compagne, pâtissière, tenaient les fourneaux avec maestria. Ils ont eu l'opportunité de reprendre un restaurant à eux à Argelès, le plantant là à l'improviste au début de la haute saison. Pas facile. Une autre surprise désagréable eut lieu en plein mois de mai, je crois, lorsque le beau cèdre centenaire qui fait l'orgueil et le cachet de la terrasse perdit une bonne partie de ses branches maîtresses au décours d'une tempête de neige venue de la mer, le poids des précipitations dévastant le feuillage. Triste.
Avec ténacité et courage, année après année, l'hôtel a subi de nombreuses améliorations et l'arbre s'est ... remplumé, si je peux m'exprimer ainsi. En cuisine, on a vu presque chaque année un nouveau chef relever le défi, pour une saison à chaque fois. Il y a deux ans, l'établissement rentra ainsi dans le club très fermé des "tables d'exception" des Logis de France, après avoir collectionné les fourchettes et les "bib" du Michelin. Malgré cela, il est difficile de garder dans ce bout du monde habité (Port Bou n'est pas loin) un personnel d'élite, d'autant que l'hiver voit la fréquentation baisser. On a même vu pour un temps le second de cuisine passer au premier rang et le proprio ... devenir son commis attitré. C'est le président de région qu'on avait pressenti pour faire la plonge, mais il a décliné. Ces gens-là n'ont pas l'habitude de se relever vraiment les manches.
Jusqu'à ce jour, un chef étoilé en semi-retraite a accepté d'occuper le poste pour un horaire réduit en 2017. Il nous a proposé un fumet de la mer en cappuccino très savoureux et puis un tournedos de cabillaud de haute volée. En fait, le poisson avait été roulé et ficelé comme un rôti, puis débité en autant de tranches déshabillées: original, fin et à la cuisson parfaite. Je n'avais jamais mangé cela. Quant aux desserts, ils ont fait rugir de colère mon endocrinologue: merde à la faculté!
Un nouveau titulaire prendra ses fonctions cet hiver.
Nous, on sert ce sympathique compatriote depuis plus de dix ans, notre gamme complétant par diverses cuvées la très belle carte des vins proposée. Mais le pompon, ce sont nos blancs et rosés. En effet, le Cèdre propose des belles chambres et une suite, dont la moitié donnent directement sur la baie. Pas mal de clients restent résidents pour une semaine ou plus, et ils apprécient de pouvoir "torcher" ces vins à l'envi, assis au soleil et gardant les bouteilles entamées d'un jour sur l'autre. L'absence quasi totale de sulfites dans ces mises leur épargne le mal au crâne, même lorsqu'ils en abusent un peu. Et il paraît que le vin est bon, en prime.
Après avoir visité au cours de la même journée la boulangerie de Leucate - la jeune serveuse africaine est une véritable beauté au sourire éclatant et à la plastique euh ... comment dire?, fort agréable à détailler - le cloître cistercien d'Elne et celui de Saint-Génis des Fontaines, bénédictin cette fois, avant de filer admirer les oeuvres de Maillol sur le front de mer de Banyuls, et enfin l'hôtel Belvédère du Rayon Vert à Cerbère, c'est ici que nous avons apaisé notre faim de loup.
On a bien maté en début de matinée; on s'est bien rincé l'oeil toute la journée
et le gosier en soirée. Merci mes amis de votre soutien
et bravo au patron et à son chef.
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