LE TEMOIGNAGE HUMAIN, PFFFF ...

Je ne connais pas réellement le lien entre cette photo d'archives et les événements
Je ne connais pas réellement le lien entre cette photo d'archives et les événements

 

 

 

 

Une fois encore, voyez pourquoi

je suis un sceptique et un cynique.

 

 

 

 

 

 

 

 

Christine et moi nous chamaillons souvent au sujet de la crédibilité de nos témoignages respectifs, pourtant donnés sans parti-pris. Petit-à-petit, elle se range à mon opinion: on ne peut même pas croire nos propres yeux, en tout cas pas au travers du filtre de notre mémoire.

 

La presse française et le milieu judiciaire de ce pays se moquent souvent de la justice belge, notamment en ce qui concerne l'affaire Dutroux. Ils ont raison. On leur rappelle, nous, l'affaire du pauvre petit Grégory, à juste titre.

 

Récemment, la disparition de la petite Maïlys dans l'Isère a déclenché une enquête qui s'enlise aussi.

 

L'affaire de la Vologne connaît un rebondissement après des analyses d'ADN, en France, tandis que l'histoire des "Tueurs fous du Brabant wallon (De bende van Nijvel)" renaît en Belgique. Depuis cette époque (1982-83), j'ai tendance à croire qu'il s'agit bien d'une tentative psychotique de l'extrême droit pour déstabiliser l'opinion politique belge et donc le pays tout entier en vue d'établir un régime "fort", proche du palais de Laeken et soutenu par des forces de l'ordre aux crédits majorés.

 

Le témoignage tardif du frère de Christian Bonkoffsky relance le débat et ajoute encore un peu de crédibilité à cette supposition.

 

Je vais vous faire le récit, que je garantis sincère mais pas forcément dénué d'erreurs, du témoignage que j'en ai reçu moi-même en 1984-5. Je soulignerai mes propres doutes en cours de route.

 

J'étais "PG" (= jeune médecin spécialiste en formation, l'équivalent de l'interne des hôpitaux en France) à l'Hôpital mixte (universitaire et public) Brugmann de la périphérie bruxelloise, au service de néphrologie dirigé par le Dr Max Dratwa, devenu professeur à présent.   

 

L'unité voisine de la nôtre, que je fréquentais souvent, soit pour y avoir des patients communs, soit au cours de mes gardes, était dirigé par le Dr Staroukine, actuellement à l'éméritat je suppose. Un de ses collaborateurs, très compétent, dévoué et d'un contact agréable était le Dr. Devriendt. Nous avions noué des rapports confraternels et même de camaraderie. Je pense que c'est lui qui dirige le département à présent. Je ne l'ai jamais recroisé depuis lors.

 

Il m'a fait à cette époque le récit que je vous rapporte, au mieux de ma mémoire.

 

Il a été amené à intervenir dans le cadre des sorties du SAMU au cours d'une de ces tueries, ou plutôt après celle-ci, et je pense qu'il m'a cité Nivelles ou bien Braine-l'Alleud. J'ai un doute. Une succursale de Colruyt a effectivement été braquée en septembre 1983 à Nivelles, tandis que le Delhaize de Braine-l'Alleud était une autre victime en septembre 1985. Mais son récit est antérieur, d'une part, et moi j'étais déjà à Paris, et pour un an, en 1985, d'autre part. 

 

Il m'a expliqué comment il avait secouru l'une ou l'autre personne et comment, alors qu'il intervenait sur un blessé, il a été mis en joue directement par un des agresseurs, cagoulé. Celui l'a visé, ils ont eu un "contact visuel" et il pense avoir été "reconnu" par le bandit. Celui-ci a alors détourné son arme et a tiré un peu à côté, dans le pan d'un ciré (de marine ou de service) qu'il portait. Il avait conservé cette pièce vestimentaire et il me semble (pas de certitude absolue) qu'il me l'a même montrée, en m'indiquant le trou.

 

Son explication: l'agresseur aurait pu l'avoir vu auparavant - les sorties sur la voie publique avec les ambulances de réanimation sont fréquentes et le personnel y entre en contact avec les forces de l'ordre et les services de l'état: police, gendarmerie, pompiers ... Au lieu de l'abattre, le bandit aurait eu un scrupule de tuer ainsi un médecin-secouriste et l'aurait volontairement "manqué". Je trouve cette interprétation très plausible.

 

Un autre petit récit qu'il m'a fait, moins dramatique, est celui de l'arrivée ultérieure de la police locale. Une cliente du magasin, rendue hystérique par la peur, s'est entendu répondre par un  agent: "Mais Madame, si nous sommes là, vous pensez bien que les malfaiteurs sont partis depuis longtemps, rassurez-vous". J'adhère à la logique de ce réconfort! 

 

Dernier doute de ma part (léger): un autre réanimateur du même âge avec qui j'ai eu des contacts professionnels fréquents (mais moins complices) fut celui de l'hôpital d'Ixelles, à mon retour de France, à partir d'octobre 1986. Il aurait également pu me faire ce récit, mais je crois que c'est la première version qui est correcte.

 

Vous voyez combien les témoignages sont entachés d'erreurs:

je n'y suis pas engagé personnellement, n'ai aucun intérêt à mentir ni à embellir

et pourtant certains détails précis me sont restés en mémoire,

alors que des points importants sont devenus vagues à mes yeux.

 

 

 

 

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