C'est bien connu, on se marie le dimanche à Bamako.
A La Franqui, le lundi c'est le jour du babillage.
Mon billet de blog d'hier, traitant de la non-visite de l'église Notre-Dame de l'Assomption de Leucate, a profité d'un accueil ironique d'un de mes lecteurs assidus, client du domaine, et chargé de cours à l'université de Grenoble. Appelons-le Alain, puisque c'est son vrai prénom: Alanus en latin, comme pour un endoscope. Il m'a occupé une partie - petite, rassurez-vous - de la nuit.
Voilà bien le gros écueil des textes courts et sortis d'un contexte élargi: on a du mal à faire la part des choses entre l'ironie et le sérieux, le comique et le solennel, la provocation et le constat définitif.
Je vais, comme il n'est pas rare, sortir un récit de ma plume qui m'a hanté une - autre - petite partie de la nuit; ne me demandez pas pourquoi. Il y a plus de 25 ans, sans porter le titre de directeur médical - que je refusais pour toutes sortes de raisons - j'occupais des fonctions scientifiques et relationnelles au sein de la branche belge d'un grand groupe pharmaco-phyto-chimique du quatrième Reich dont le sigle cruciforme en cinq lettres s'inscrit dans un cercle et qui sponsorise une équipe de football occupant actuellement la sixième position de la Bundesliga.
Quoi, vous avez deviné? Vous êtes décidément très forts.
On m'avait demandé, à ce titre, de présenter un exposé de type "publi-rédactionnel" au cours d'un weekend ludique organisé dans un de ces parcs de récréation aquatiques que l'industrie du tourisme a disséminés un peu partout en Europe. Celui-ci se situait en Campine et il pleuvait averse à l'extérieur. Au Limbourg, vous dis-je. A l'intérieur de la bulle de type subtropical, la température avoisinait les 24 degrés. J'ai tenu mon speech et me suis ensuite retrouvé à table pour le repas du soir avec un des organisateurs, membre du bureau d'une association de médecins généralistes du nord du pays (WVVH).
Les participants, beaucoup d'entre eux portant la barbe, étaient venus avec leurs proches et en "Espace" pour la plupart, ou au moyen d'une autre "monospace". Ce mode de transport était courant pour les familles nombreuses à l'époque, avant l'avènement des gros 4 x 4 bien branchés. Les épouses se regroupaient, surveillant la descendance tandis que les praticiens, eux, parlaient remboursement, voitures à la mode, Division Un de foot, association de parents d'élèves et nouvelles paroissiales. Pour les femmes médecins, je ne sais pas ce que faisaient les conjoints. La profession ne s'était pas encore autant féminisée qu'à présent - je suppose que le niveau financier des prestations médicales était meilleur: moi, je n'ai pas eu de pratique privée.
J'avoue m'être rarement autant ennuyé et senti aussi alien que pendant ces quelques heures d'avant-soirée. On m'avait retenu une chambre et un accès aux piscines pour le lendemain. J'ai pris congé après le dessert - un dossier à préparer pour le ministère - ai dormi quelques heures et me suis retrouvé seul avec le steward dans le réfectoire du petit-déjeuner, à l'ouverture des portes: jus d'orange lyophilisé, petits pains ("pistolets" en Belgique) décongelés, confitures de la GD et café ... Rombouts ou bien Douwe Egberts, la totale.
La voiture (de société) m'attendait sagement au parking, rosée sur le pare-brise, et a rugi de plaisir - tout est relatif, vieux quatre cylindres en fonte de chez Opel - en désertant ce que, par politesse envers ces confrères qui m'avaient aimablement conviés dans leur sein, j'avais appelé dans mon introduction "leur petit paradis pour un weekend de détente".
L'Hôtel des Trois Faisans existe encore, il s'appelle "Center Parcs" ou quelque chose de similaire,
et je n'y ai pas montré mon cul, Monsieur le Commissaire.
PS: le lever du soleil sur l'étang à hauteur de Cap Leucate, pris depuis le bureau de poste environ, est celui de la journée de dimanche
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