ALLUMEZ LE FEU ...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

... sous la marmite pour préparer 

le sirop de sucre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je souhaite, en cette période de mélange des genres où les politiques récupèrent à des fins partisanes la ferveur populaire, ahhh queu, lever une confusion. La châtaigne et le marron (tout court), c'est la même chose, ou presque.

 

Dans les cours de nos écoles primaires de jadis trônaient souvent un ou plusieurs marronniers, Aesculus hippocastanum, qui donnent naissance aux marrons d'Inde, non comestibles et même toxiques (vomissements, diarrhées) à cause des saponines qu'ils contiennent. Par contre, on en extrait des substances aux propriétés vaso-protectrices, utiles notamment dans les poussées hémorroïdaires. Il vous intéressera certainement de savoir que j'ai pu en bénéficier personnellement au cours d'un voyage exotique pour le magazine Semper. La médication, liquide, se prenait en pipette: de la bouche au trou de balle en quelque sorte.

 

Je fais ici une digression pour vous envoyer une anecdote vraie, dans le même registre. J'étais alors chargé de quelques lits en unité de réanimation au sein de l'hôpital académique qui me permettait de commencer ma spécialisation (tronc commun de médecine interne, trois ans). Au cours d'une "garde" (astreinte), j'ai eu à surveiller un vieil homme à qui, par une série impressionnante de résections successives, le chirurgien s'était vu forcé d'enlever tout l'estomac et la majeure partie des intestins. C'est vous dire que son état général inspirait une certaine inquiétude. Tout en ayant pris grand soin de cette charge, avec sérieux, je n'ai pas pu m'empêcher d'indiquer au moment du passage de flambeau que: "Il va très bien. Quand on lui brosse les dents, la mousse est visible à l'anus". Cela fut diversement apprécié pat la hiérarchie. Mes fidèles lecteurs penseront sans doute, avec bienveillance: "Quel déconneur, ce Charlier". Enfin, ce n'est pas sûr car l'humour caustique et le cynisme ne sont plus en odeur de sainteté de nos jours. On confond pathos et empathie, c'est du grec de toute façon. 

 

Et puis il y a le châtaignier, Castanea sativa, qui donne naissance à des graines assez similaires d'aspect à celles du marronnier des Indes, mais comestibles: la châtaigne et ... le marron. La bogue très épineuse renferme 1 à 3 akènes regroupés dans un tégument et recouverts d'une pellicule assez astringente. Lorsque les trois ovules se développent, on identifie trois graines distinctes, plus petites: ce sont des châtaignes. Lorsque seul un des ovules termine sa maturation, les deux autres involuent, la bogue perd son cloisonnement et on obtient un akène plus volumineux: un marron.

 

On s'en sert évidemment pour produire les fameux "marrons glacés" en les confisant. On s'en sert également pour élaborer des conserves après déshydratation partielle, ou pour fabriquer des crèmes et des confitures. Mais on s'en est surtout servi pour empêcher la famine des populations rurales, comme en Italie, dans les Cévennes, en Corse. En effet, la farine de châtaigne, qui ne contient pas de gluten, a permis de fabriquer du pain, en mélange avec d'autres céréales car elle n'est que difficilement panifiable.

 

On a ainsi pu surnommer le châtaignier "arbre à pain"! 

 

 

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