Ce blog ne peut faire autrement
que de se recueillir en voisin
et d'honorer la mémoire des
écoliers et des collégiens
morts sur le chemin de l'école,
juste avant les vacances.
Mon blog se veut souvent hédoniste, tombe souvent dans la polémique provocatrice et appelle les choses par leur nom, attitude très rare en France, pays du politiquement correct, de l'ouverture de parapluie et de la "meilleure fille de l'église".
Millas est limitrophe de ma commune de résidence, et Saint-Feliu-d'Avall aussi. C'est sur la route des autocars de ramassage scolaire de cet ensemble villageois que se trouve le passage à niveau N° 25 qui fut le lieu du drame de jeudi dernier. Heureusement pour moi, je ne connaissais pas personnellement les familles endeuillées ou tout simplement atteintes, mais ceci ne modifie en rien leur souffrance à elles.
Je m'incline avec respect et une tristesse non-feinte devant le drame qu'elles vivent.
En même temps, beaucoup de commentaires prennent naissance.
L'ex-mari de Christine a mis un terme à son activité de boulanger-pâtissier, alors qu'il était un artisan de grande qualité. Le nombre d'heures accumulées, le travail de nuit, les contrôles administratifs incessants et tendancieux, la petite marge bénéficiaire, le manque de discernement et de reconnaissance de la clientèle et bien entendu la concurrence sur une base inique des points chauds et de la GD ont eu raison de son engagement professionnel. Pour assurer son ... pain quotidien, il est devenu chauffeur d'autocars et sa ligne est justement celle qui vient de se voir endeuillée. La chauffeure (= conductrice) en question est sa collègue de travail et il aurait pu lui-même être au volant de ce
transport-là.
Il décrit cette femme à la quarantaine et mère de famille, comme quelqu'un de "normal" et stable, une dame parfaitement équilibrée dans son travail. Et celle-ci a déposé auprès des gendarmes, des que ce fut possible, un témoignage décrivant les barrières du passage à niveau comme ouvertes à son approche. Je n'ai aucune raison d'en douter et les communiqués officiels confirment que son sang ne contenait pas de substances toxiques, et bien entendu que son alcoolémie était nulle, comme il se doit. On était le soir, et il n'y avait aucune urgence à "arriver à l'heure". Je ne vois pas pourquoi elle aurait de volonté délibérée forcé des barrières abaissées.
Reste qu'il y a bel et bien eu impact entre un train qui arrivait et son véhicule à elle, qui se trouvait sur la voie.
A ce stade de l'enquête, il est top tôt pour polémiquer et y aller de ses "yaka et yakapa".
Je veux apporter, en marge de mes préjugés propres (qualité générale déplorable de la SNCF et collusion opaque totale à haut niveau dans les milieux politiques et administratifs français), une information très dérangeante. L'électricité a été coupée pendant un bref instant (une minute ou deux) aux alentours de la tranche horaire concernée. J'étais à l'ordinateur à LF, qui n'est pas équipé d'un onduleur. J'ai appris plus tard que c'était une coupure organisée dans le cadre d'une action syndicale. Ne peut-on imaginer qu'un "incident " similaire perturberait le fonctionnement de la signalisation et, partant, l'état des barrières aux passages à niveau?
Je suis très soulagé que la chauffeure n'était pas en état d'ivresse. Je le serais encore plus que les barrières fussent prouvées défaillantes. Les erreurs humaines sont les plus difficiles à avaler et à oublier, même si un certain nombre d'entre elles sont inévitables, statistiquement parlant. Moi, j'aimais bien les gardes-barrières et les gardiens d'écluse. En plus, cela procurait des emplois, stables, utiles et peu nuisibles à la santé des préposés.
La récupération politique est ignoble. Si le procureur a fait le déplacement depuis Marseille pour inspecter les lieux, c'est un bien. Si la gendarmerie bloque les environs pour recueillir les indices et faciliter le travail des enquêteurs, c'est parfait. Mais que viennent faire les ministres ici, notamment le premier d'entre eux? Et les déclarations grandiloquentes du président: que sait-il de la douleur des parents, celui-là? Il n'a pas d'enfant lui-même et n'est vraisemblablement pas près d'en avoir dans un futur proche. Cela ne l'empêche d'ailleurs pas de faire la fête au château de Chambord, comme du temps de l'Ancien Régime. En outre, l'armée française (ou ses alliés) tue chaque jour plus d'enfants au Mali que le nombre des pauvres victimes de Millas. Mais évidemment, ils n'ont pas la même couleur de peau.
A Saint-Féliu, cellules psychologiques, mairie, associations, population se serrent les coudes. C'est ça qui compte et qui mettra un peu de baume au coeur des malheureux. Néanmoins, une messe s'est tenue en l'église locale et c'est bien pour ceux qui le souhaitent. Par contre, on en prévoit une autre dans la salle des fêtes communale, consacrée pour l'occasion. En tant qu'étranger, provenant d'un pays à constitution laïque, même si la dynastie régnante est imprégnée de catholicisme, ceci me surprend et, pour tout vous dire, m'indigne.
Séparation de l'église et de l'état?
Je souhaite terminer sur une note d'empathie, d'une part, et d'espoir, de l'autre:
- puissent les déchirures affectives se refermer sans trop tarder
et puissent les grands blessés en sursis balancer du bon côté,
avec un nombre minimal de lésions résiduelles
. puisse cette tragédie permettre d'améliorer au plus vite la sécurité
à tous les points de croisement entre le rail et les chaussées
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