Une broutille qui en dit long ....
Je suis "semi-alité" alors qu'une équipe ministérielle fait l'objet de tous les commentaires de la radio (officielle), qui tourne en boucle à côté de mon oreiller. J'ai profité d'un instant de mieux-être pour faire craquer mes cervicales d'une part et chercher un peu plus de renseignements d'autre part. Il n'y a pas de quoi fouetter un âne mort en soi, mais cela en dit long sur le train de vie (le jet de vie en fait) des personnages officiels. Ce M. Philippe n'appartient pas à la "France en Marche" après avoir fait défection de son propre parti, mais il est membre à part entière de la "France du Vol" des citoyens, comme tous ceux avant lui (dont M. Valls à qui il se compare) et tous ceux qui lui succéderont.
Les faits: une équipe ministérielle, forte de plus de 50 personnes (ministres, conseillers, agents de sécurité ...) s'envole début décembre pour
un voyage en A340 vers la Nelle Calédonie. Il s'agit d'un avion de ligne long courrier, qui a déjà battu des records de distance (Paris-Auckland) et de vitesse de vol en configuration commerciale. La "mission" reste sur ce territoire du 2 au 5 décembre. Le vol de retour commence dans un appareil similaire, mais militaire, jusqu'à Tokyo, où l'avion fait une courte escale technique. Il atterrira en France, à vide, dans la matinée du 6 décembre. Durant cette escale, le personnel ministériel français, locataire de Matignon compris, prend place à bord d'un autre A340 équipé de sièges plus confortables, affrété par un loueur privé. Le coût officiel de ce vol a été de 350.000 euros.
Officiellement, le premier ministre devait être présent à un comité ministériel parisien dès 8 heures du mat. le 6 décembre. Officiellement toujours, il doit se trouver en France en cas d'absence du président et celui-ci quittait le sol national pour l'Algérie à 10 heures ce même-jour.
Notons qu'un chef de cabinet est parfaitement à même de remplacer son ministre lors d'une réunion de routine planifiée de longue date. Notons aussi que la présence de l'un ou l'autre des membres du binôme est usuelle, mais que de très nombreuses infractions à cette règle sont attestées, sous tous les gouvernements de la 5ème république.
Notons aussi qu'un A330 ministériel spécial existe, modèle similaire mais propulsé par deux réacteurs seulement. Il n'était pas "disponible".
Au mieux, ce voyage a été insuffisamment organisé: mauvais timing, mauvaise coordination entre les agendas du PM et du président, mauvaise communication. Au pire, il montre à quel point les deniers publics importent peu à ces messieurs, complètement déconnectés de notre vie à nous. Je suis presque certain que même les équipes de football ne dépensent pas autant pour les déplacements de leurs stars les plus onéreuses, et ce n'est pas l'argent de l'impôt qui régale.
Enfin, à quoi sert un voyage de 2 ou 3 jours sur place, et pour plus de cinquante personnes? Je comprends que, parfois, la visite symbolique d'un officiel (serrer des mains, faire une déclaration solennelle d'intention, distribuer des petits dessous de table discrets) puisse avoir un sens. Je comprends aussi que des techniciens ou des experts doivent passer quinze jours ou trois semaines sur place pour étudier un dossier et consulter tout le monde, mais là ... deux fois 24 heures de vol pour quelques dizaines d'heures effectives sur place (dont trois nuits!).
Et Valls avait fait la même chose un an auparavant! Est-ce que Matignon (et ses copains) doit faire un mini-trip annuel à Nouméa, comme une équipe de rugbymen s'offre un weekend de débauche à Ibiza en fin de saison?
Décidément, ce n'est pas au royaume du Danemark
que quelque chose ne va pas, mais bien en Macronie!
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