ERIC SAPET VERSION PROF.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je vous l'ai montré ICI,

nous avons bien déjeuné

à Cucuron.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des "TP" avaient lieu à la salle d'en-bas. Ma mère en a indirectement profité. Vous savez que tout m'est prétexte à anecdote.

Certains pourraient même penser que je radote, mais ce blog me sert aussi d'antidote.

 

Té, je vais vous en raconter une. Mon père était un époux attentionné, qui présentait quelquefois des emportements soudains, mais ceux-ci avaient besoin d'un déclencheur, le fameux "trigger" cher à Trump. La scène se passe dans la salle-à-manger - je n'ai pas dit réfectoire - de la petite villa de Coxyde, "Les Vagues Capricieuses", et il y a des invités, mes ex-beaux-parents je crois. Ma mère aime manger, mais est sensible au décorum et surprend parfois par le hiatus qu'elle tolère entre les différentes facettes d'un repas. Tantôt, de bons mets arrivent dans une barquette en plastique, tantôt hélas un bel habillage cache une tambouille quelconque. Elle n'est pas un cordon bleu et plus une recette est simple, mieux cela vaut entre ses mains, quand elle ne tente pas d'y ajouter sa ... touche perso. L'honnêteté me force à dire que la maturité (87 ans révolus) la pousse à moins se lancer dans de l'extravagance et à prendre moins de risques. Elle nous en fait par là même courir moins également.

 

Cette fois-là, elle avait acquis une saumonière. Elle adore les récipients, qui ne servent généralement qu'une seule fois. Nous n'avons plus de caveau de famille, d'ailleurs. Mais revenons à cette casserole/cocotte allongée, en alu recouvert de cuivre je crois. Elle y avait logé un ... poisson (méconnaissable après transformation "made by Monique") et celui-ci flottait à-demi désagrégé dans une eau de cuisson qui ne tenait pas du tout du jus court ni du fumet, mais préfigurait peut-être déjà ce que serait l'oeuvre du plongeur! En toute franchise, elle faisait pitié - pas la saumonière, ma pauvre mère - car elle y avait mis tout son coeur. Mais parfois la bonne volonté ne suffit pas, preuve supplémentaire de la non-existence de Dieu. Et mon père a repoussé l'objet avec dégoût et agacement, faisant gicler une partie de l'eau de vaisselle, pardon du jus de cuisson, sur la nappe et les convives. Quel grand connaisseur!

 

Cela étant, elle a réceptionné avec dévotion le livre de recettes d'Eric Sapet, qui le lui a complété d'une petite dédicace attentionnée.

J'ai eu l'occasion de le parcourir avant de l'abandonner à Coxyde avec ma mère. J'ai bien peur que ses vieilles amies ne doivent essuyer les plâtres, sinon la fécule de maïs. Déjà qu'elles ont toutes passé 80 ans et la vésicule en lambeaux, si en plus on les transforme en cobayes ...

 

Le manuel reprend un an de séminaires et illustre chaque session de très jolies photos, comprenant notamment des clichés des participants et des photos du chef. Cet homme a l'air si débonnaire et si spontanément aimable. Il se régale de montrer aux pimbêches, mais aussi aux canons, aux maris - et peut-être aux amants? - et aux enfants tous ses petits secrets et ses tours de main. Le fils Oliver - moi, j'avais mangé plusieurs fois chez le papa, sous les arcades du Palais Royal, fesses calées sur le velours bordeaux - lui a écrit la préface, que je n'ai pas eu le temps de lire.

 

Quand ma mère aura corné les pages et souillé les jaquettes, je vous ferai une critique en règle du bouquin. Non, ce n'est pas vrai. Je hais les chroniqueurs gastronomiques et ne me sens pas le talent d'un critique culinaire ou rédactionnel. Tout au plus m'inspirerai-je de tel ou tel petit truc: je ne suis jamais une recette à la lettre.

 

C'est d'ailleurs pour cela que, si on mange correctement à ma table,

je fais un piètre pâtissier. Cela, c'est la partie de Christine.

 

  

Réf: Mes cours de cuisine : Eric Sapet à la petite maison de Cucuron (2010)

  

 

 

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